Je suis régulièrement à la recherche de sites de référence qui fournissent de bonnes ressources de base pour aborder un thème ou un nouvel outil, que ce soit pour mon information personnelle ou comme « lien à recommander » dans les cours que je prépare.

Ce que j’appelle sites de référence, ce sont par exemple des portails comme l’excellent http://public.guidesocial.be, des sites officiels comme http://diplomatie.belgium.be ou des sites pédagogiques comme http://www.ebsi.umontreal.ca/jetrouve/.

Malheureusement, aujourd’hui, lorsque l’on effectue une recherche, les informations de base et de qualité, disparaissent le plus souvent sous une montagne d’informations anecdotiques récentes, et sont de plus en plus difficiles à trouver.

Comment cela se fait-il ?

A mon sens, plusieurs causes peuvent expliquer ce phénomène.

La quantité d’information augmente de manière exponentielle.

Chaque jour, des centaines d’infos nous arrivent via Twitter, Facebook, les fils RSS, les groupes de discussion,… à tel point que l’on se sent parfois submergé. La veille est d’ailleurs devenue une tâche essentielle, incontournable, pour tout professionnel qui veut rester à la page et ne pas passer pour un idiot. Mais la veille concerne avant tout les ressources récentes, on en oublie ses « classiques ».

La nécessité de se faire connaître

Pour obtenir  une certaine visibilité, les bloggeurs et autres veilleurs n’ont pas le choix : il faut publier, s’exprimer, faire parler de soi.
Du coup, les infos, même banales, sont reprises et commentées sur les blogs, retweetées, discutées, à n’en plus finir.
Aujourd’hui, quelqu’un qui se dit « professionnel du Web » (ou même dans d’autres domaines comme la politique) doit absolument soigner son image et sa visibilité sur le Net, sans quoi il n’est pas crédible. Alors on publie à tour de bras, même si l’on n’a rien à dire.

L’engouement pour la curation

La curation qui consiste à veiller, trier, sélectionner et commenter les infos a certainement un rôle important à jouer. Mais encore une fois, cela ne concerne que les infos les plus récentes.
Les outils de curation, comme Scoop-it, sont conçus pour sélectionner les nouveautés. Des milliers de nouvelles pages, très ciblées, sont ainsi créées grâce à ces outils et apparaissent dans les pages de résultat de Google

Le classement de Google

Dès qu’une info parait, elle est reprise et commentée un peu partout ce qui crée du buzz et une multitude de liens.
Du coup, ces pages, d’ailleurs souvent bien écrites dans un but de référencement, parviennent sans trop de problème à se hisser au sommet des résultats, au détriment des ressources plus classiques.
L’avenir nous dira si Panda (ou son successeur) va y changer quelque chose.

L’abandon des annuaires thématiques de qualité

Les bons annuaires thématiques étaient, il y a quelques années, des ressources inestimables. Les passionnés qui les géraient prenaient soin d’y répertorier les meilleurs liens sur le sujet. Ces annuaires ont, pour la plupart, disparu ou sont devenus de simples supports publicitaires sans intérêt.
De plus, ils n’ont plus les faveurs de Google et sont donc peu visibles.

Des sites ressources gérés à l’ancienne

Pourtant de nombreux sites ressources existent et contiennent des informations de qualité, régulièrement mises-à-jour, fiables et/ou officielles.
Ces sites datent souvent de plusieurs années mais utilisent encore parfois des technologies vieillottes, comme des frames, ou des bases de données non accessibles aux moteurs de recherche.   De plus, ces sites se sont peu adaptés aux nouveaux modes de communication. On y trouve rarement un blog, un fil RSS ou une page Facebook.
Les liens vers ces sites se font aussi proportionnellement de plus en plus rares, puisque seules les nouveautés sont à l’honneur.

Comment y remédier ?

Bien sûr, les sites de référence eux-mêmes devraient prendre conscience du besoin de s’adapter aux nouvelles techniques. Mais ils n’ont pas nécessairement les moyens financiers ou les compétences humaines à leur disposition. Ce serait alors aux pouvoirs publics à les aider à valoriser cette information réellement utile.

- Google va-t-il s’adapter pour remettre ce contenu à sa juste place ? C’est à cela que le trustrank devrait servir.

- Les blogueurs, veilleurs et curateurs ont par contre un rôle essentiel à jouer.
Plutôt que de se jeter comme des loups affamés sur toutes les nouvelles qui passent, il serait vraiment utile de prendre un peu de temps pour rechercher, lister et commenter les ressources de base. Je suis certaine que beaucoup d’internautes seraient ravis de redécouvrir les sources essentielles.

- De même, les outils de curation comme Scoop-it pourraient, d’une manière ou d’une autre, inciter les utilisateurs à présenter, non seulement les nouveautés, mais aussi les ressources de base sur le sujet.

Alors, tous ensemble,  il est grand temps de lancer la campagne :

Sauvez l’info !